Malgré son importance comme moteur de la croissance, on estime à 3 % seulement la part de l’Afrique dans les échanges mondiaux, et la part des échanges intra-régionaux est encore plus faible comparé à d’autres régions (Afrique : 15 %, Union européenne : 63 %, Amérique du Nord : 50 % et Asie : 52 %). L’accroissement du commerce intra-africain peut contribuer au développement des infrastructures transfrontalières, stimuler l’investissement régional, et réduire les contraintes de frontières défavorables des pays enclavés.
DÉFIS
Le manque de disponibilité de financement du commerce constitue donc un obstacle majeur au développement du secteur du commerce en Afrique et, avec plus d’acuité, du commerce intra-africain. L’Enquête 2015 sur le financement du commerce en Afrique menée par la BAD indique que le financement du commerce par l’intermédiaire des banques est estimé à environ 400 milliards d’USD, soit environ un tiers des échanges commerciaux du continent. L’enquête a également découvert un déficit chronique de financement du commerce évalué à environ 100 milliards d’USD (en excluant les besoins du secteur informel).
Figure 1 : Le financement du commerce par l’intermédiaire des banques et le déficit de financement du commerce en Afrique

Source : BAD (2017)
De plus, l’enquête a mis en évidence l’accès limité des PME au financement du commerce, la perception élevée des risques malgré le faible ratio de prêts non-productifs, l’asymétrie d’informations, l’absence d’infrastructure de crédit (bureaux de crédit, registres des garanties, etc.) et la nécessité de renforcer les capacités dans les banques.
L’accroissement du financement du commerce par les banques africaines se heurte à plusieurs obstacles. Les questions réglementaires présentent des défis considérables à relever et figurent parmi les principales contraintes à l’élargissement des portefeuilles de financement du commerce. Les normes internationales, en particulier les règles relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent (AML), au financement du contre-terrorisme (CFT) et à l'identification des clients (Know Your Customer ‒ KYC) sont devenues plus strictes, tout comme les exigences relatives au capital-risque depuis la crise financière mondiale, et elles le deviendront encore davantage avec la mise en œuvre de Basel III.
La hausse des coûts de conformité, associée à la faiblesse des systèmes d’information sur le crédit, a donné l’image que les opérations de financement du commerce sont extrêmement risquées et coûteuses en Afrique. Ces facteurs sont à l’origine des politiques actuelles d'atténuation des risques (de-risking), et certaines banques internationales réduisent leurs relations de correspondant bancaire avec les banques africaines, tandis que d’autres se retirent purement et simplement du continent.
Combler ce déficit implique d’éliminer les obstacles auxquels les banques africaines se heurtent pour élargir l’accès au financement du commerce. Dans le contexte africain, nombre de ces obstacles ont un impact disproportionné sur les PME, lesquelles ont déjà des difficultés à accéder à d’autres formes de financement.
OPPORTUNITÉS
Les gouvernements et les partenaires du développement ont fait des efforts importants pour réduire les obstacles au sein du secteur du financement du commerce au cours de la décennie écoulée. Les banques multilatérales de développement ont créé des dispositifs à l’attention des banques pour dé-risquer les transactions, en utilisant leur solide appui financier et les cotes de crédit au moyen de dispositifs comme le Programme de financement du commerce de la BAD et le Programme de financement du commerce mondial de SFI.
Mansa, la plateforme d’informations sur la clientèle panafricaine lancée par Afreximbank en juillet 2018, vise à faciliter les échanges commerciaux africains en fournissant une source fiable unique de données primaires pour les vérifications de vigilance raisonnable sur les contreparties en Afrique.
L’innovation technologique est également étudiée pour stimuler le financement du commerce. En effet, selon une étude récente menée par le Centre international du commerce, les Micro-, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) africaines ont cité l’incapacité à accéder aux systèmes de paiement mondialement reconnus comme obstacle majeur au commerce électronique transfrontalier. Bien que le commerce électronique domestique offre un large éventail de possibilités13 (notamment la livraison contre remboursement), les transactions transfrontalières avec les clients des marchés à valeur élevée comme l’Union européenne et les États-Unis exigent que les vendeurs aient accès aux systèmes de paiement mondialement reconnus. Dans plusieurs pays africains, les MPME ne peuvent recevoir les paiements de détenteurs de cartes de crédit étrangères que par des intermédiaires coûteux, car les systèmes domestiques n’ont pas les liens internationaux nécessaires. Les plateformes mondiales comme PayPal ou Google Wallet offrent des solutions de paiement intégrées qui pourraient éliminer certains obstacles à ces transactions. Ces services ont toutefois un coût, et ils ne sont pas disponibles dans tous les pays.
Enfin, l’Accord de libre-échange continental africain (AfCFTA) signé par 52 pays en mai 2019 est une avancée majeure. Grâce à la création d’un marché continental unique des biens et des services et la libre circulation des personnes et des investissements, il accroitra les échanges commerciaux intra-africains par l’amélioration de l’harmonisation et la coordination de la libéralisation des échanges et des instruments de facilitation à travers les CER, et à travers l’Afrique en général. Il s’agit d’une occasion unique de renforcer et de développer le secteur du financement du commerce.
Section 2 : Nos activités
L’Initiative de financement du commerce de MFW4A lancée au début de 2018, en collaboration avec la Banque africaine de développement (DAB) et GIZ (avec le financement de BMZ), vise à améliorer la connaissance du marché du financement du commerce en Afrique, à promouvoir une politique solide du secteur financier, les réformes réglementaires et les études thématiques communes.
L’objectif est d’éliminer les obstacles au financement du commerce (y compris l’accès des PME) et de renforcer les capacités des banques locales à introduire des produits sophistiqués et à développer leurs affaires.
Knowledge Management and Research
Webinars, Knowledge Briefs, Case Studies
High-Level Conferences and Roundtables
Project Support and Capacity Building
Trainings and Marketplaces